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Rhymefest

Rhymefest

  • Rhymefest
  • Che Smith
  • Rappeur
  • 14 fan(s)

Rhymefest Albums

A propos de Rhymefest

  • jeudi 30 juillet 2009

    La ville de Chicago semble être devenue le dernier repère de nouveaux sons. Des hymnes redoutables de Kanye West, aux histoires de quartiers de Common et à l’impressionnant débit de Twista, la ‘windy city’ a engendré toute une génération de rappeurs et producteurs talentueux et occupe désormais une place de choix sur la scène hip-hop. L’émergence d’un nouveau digne représentant, capable de rivaliser avec les meilleurs en terme de flow et de show, vient une fois encore confirmer sa position maîtresse.

    Il s’agit d’un dénommé Rhymefest, dont le nom s’est répandu comme une traînée de poudre en 2005. Connu dans les rues de Chi-Town comme le genre de type capable de semer la panique dans une joute verbale avant même d’avoir pris le micro, Rhymefest s’est forgé une solide et redoutable réputation. “Je ne supporte pas la médiocrité,” déclare-t’il. Pourtant, ce nouveau venu, qui n’est pas du genre à passer inaperçu, à l’instar de Blue Collar, son premier opus sur une major, pourrait très bien se contenter de rouler des mécaniques en dénigrant ses comparses comme tant d’autres. “Le concept derrière mon projet est de lutter contre la médiocrité qui sévit dans le rap.”

    Co-auteur mais aussi dénicheur du sample du brillant “Jesus Walks” de Kanye West, on pourrait presque dire que Rhymefest a été envoyé par Dieu. “Je suis l’un des seuls rappeurs à avoir remporté un Grammy Award avant d’avoir enregistré un album avec une major,” lance en blaguant Rhymefest qui sévit en fait sur la scène depuis ses dix-sept printemps. “Il est maintenant temps pour moi d’apporter ma contribution personnelle”. En 2001, Rhymefest a déjà sorti un premier opus en indépendant, intitulé Raw Dawg, produit pour l’essentiel par un certain Kanye, alors inconnu.

    Entouré du producteur No-I.D., l’un de ses concitoyens, du dj/producteur Mark Ronson, dont le label Allido Records est distribué par J Records, Rhymefest a tout mis en œuvre pour faire connaître au monde entier son plan d’attaque. Réputé pour être à la fois plein d’esprit et authentique, Rhymefest réunit le meilleur de l’humour old school façon Biz Markie avec le militantisme de Public Enemy pour façonner sa propre et unique personnalité. “Il y en a déjà suffisamment qui jouent les gangsters, ce n’est pas la peine que je m’y mette moi aussi” explique Rhymefest. “Ce qui manque dans le hip-hop aujourd’hui ce sont des rappeurs qui soient à la fois authentiques et divertissants.”

    Dans son premier single “Brand New,” produit par Kanye West, le rappeur à la langue bien aiguisée aligne ses propres paroles sur un beat délirant. “J’étais en studio avec Kanye qui s’amusait à me jouer quelques bons vieux beats,” se souvient Rhymefest. “En blaguant je lui disais que j’étais capable de reprendre un vieux beat et de le faire sonner comme un tout nouveau (brand new).’ Quelques heures plus tard, le titre était fini.”

    Si Rhymefest s’est entouré dans Blue Collar des chanteurs Mario (“All Girls Cheat”) et Carl Thomas (“L.S.D.”), c’est l’éblouissante prestation du regretté Old Dirty Bastard dans “Build Me Up” qui vient nous réchauffer le coeur. “On sait tous que Dirty était un parolier carrément exceptionnel, mais personnellement je trouvais qu’il était encore meilleur lorsqu’il chantait,” déclare Rhymefest sans que l’on sache vraiment s’il est sérieux ou non.”

    Produite par No-I.D., la chanson “Fever” est un single torride évoquant des images de fêtes se poursuivant toute la journée dans Beat Street, le dj scotché aux platines jusqu’au crépuscule, tandis que les gamins se lancent inlassablement dans de nouvelles figures. Dans ce titre, fort d’un sample original d’une chanteuse espagnole à la voix aigue interprétant le célèbre standard de Peggy Lee, Rhymefest explique en souriant qu’il voulait juste montrer “à quel point je suis chaud,” dit-il. “Lorsque j’ai expliqué mon projet à No-I.D., il m’a sorti ce titre de son chapeau magique.”

    Produit par Mark Ronson, “Devil’s Pie”, qui démarre dans un chaos digne d’un morceau punk hardcore et est basé sur l’efficace sample du titre éponyme de D’Angelo, fournit l’occasion à Rhymefest de mettre en lumière les maux de ce monde. Qu’il évoque la misère d’un homme sans ressources, celle de frères égarés dans les rues d’Irak ou de son propre père emprisonné, la bouleversante histoire de Rhymefest rend plus accro que le crack. “Tell Satan I don’t owe him a thing,” (dis à Satan que je ne lui dois absolument rien) lance-til.

    Toujours dans un registre sérieux, “Sister”, la chanson la plus déchirante de Blue Collar, évoque la vie désespérée des “sisters” du monde entier et les sévices que subissent nombre d’entre elles. Sur un riff de piano ‘lounge’, Rhymefest déclare avec fermeté : “Can’t have trials without tribulations.” (il n’y a pas d’épreuves sans tribulations)

    Comme dans un épisode perdu de la série Good Times ou des scènes coupées de Cooley High, ce natif du Southside de Chicago sait bien qu’il n’y a rien de mal à travailler dur, ni à blaguer entre potes autour d’une bière, ni s’occuper des enfants et se montrer aimant envers sa compagne. Il aura fallu attendre qu’un rappeur comme Rhymefest sorte un premier opus comme Blue Collar sur une major, pour montrer au monde toutes les complexités de l’homme noir.

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