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Faf Larage

Faf Larage

  • Faf Larage
  • Raphaël Mussard
  • Rappeur
  • 19 fan(s)

Faf Larage Albums

A propos de Faf Larage

  • jeudi 30 juillet 2009

    Pour les fans de hip hop, le succès de Faf Larage - disque de platine et neuf semaines N°1 grâce au single « Pas le temps » - était aussi jouissif que la potentielle évasion du héros de « Prison Break ». Voir triompher cette figure de multiples épisodes du rap français, pionnier de la scène marseillaise et conteur hors pair, redonnait foi en le destin. Surtout, on pouvait espérer réentendre très vite les histoires mises en scène par son flow rugueux.

    C’est fait : « Rap Stories », son nouvel album, sort le 12 février.

    La crédibilité de Faf Larage est celle d’un précurseur. Dans les années 1980, le rap le saisit comme une révélation, fusionnant deux de ses passions musicales : le groove du funk et l’énergie rebelle du rock. Il rôde ses débuts à même la rue, au milieu des futures stars marseillaises. Alors que son grand frère, Geoffroy, dit Jo et bientôt Shurik’n, cofonde IAM, Raphaël, alias Faf Larage, crâche sa révolte avec Soul Swing Radical, dont la carrière plus éphémère n’en fera pas moins un groupe culte.

    Encouragé par Jo et Akhenaton, Faf affirme ensuite sa propre voix. Sa base d’entraînement : de multiples featuring et compilations (« Sad Hill », « Chroniques de Mars ») qui lui donnent le goût des collaborations. Le tchatcheur aux épaules de catcheur prend de l’assurance, construit un répertoire de titres chocs (« Le fainéant », « La garde meurt mais ne se rend pas » en duo avec Shurik’n).

    En 1998, il sort un premier album solo, « C’est ma cause », hommage rendu à la culture rap, puis signe avec son frère, « La Garde » (2000), album concept entre samouraï hip hop et heroïc fantasy. Dans les années 2000, il peaufine son art de la narration, en particulier pour des bandes originales de film : « Taxi 2 » ou « Gomez et Tavarez », pour lequel il crée, avec Eben, l’imparable duo « Gomez & Dubois » (le hit « Hotel Commissariat »).

    Pas un hasard si, en 2006, c’est lui qui est choisi pour la chanson générique de « Prison Break ». Depuis toujours, ce méridional introverti et cinéphile sait, mieux que personne, se fondre dans la peau de personnages. Sa puissance d’incarnation donne de l’épaisseur à ses rimes, sa palette de jeu - du drame à la farce - sait varier les plaisirs. Derrière un micro et même devant une caméra (on se souvient de son irrésistible interprétation du juge dans la vidéo de Tandem, « Le procès »).

    « Je déteste donner des leçons, mais j’aime faire passer des idées » explique Faf. « Créer une histoire et des personnages permet souvent plusieurs niveaux d’écriture et de réflexion ». Une technique parfaitement mise en application dans « Rap Stories ».

    Ce deuxième album s’écoute un peu comme on enchaînerait des séances de cinéma, avide de films d’action, de comédie, mais aussi d’aventures plus sociale, politique ou intimiste. Dans les hilarants « Ta meuf (la caille) » - description d’une nana « crâmée », loin des poupées à la Beyoncé (« Elle pisse debout en chantant « Le crime paie ») - ou « Le brancheur » - catalogue des beauferies de dragueur -, on retrouve la gouaille comique du Marseillais. Et derrière l’humour, sa capacité à faire passer de petits messages sur les clichés et le machisme « relou ».

    La mise en scène spectaculaires de ces « Rap Stories » ne rogne pas leur profondeur. Dans « C’est pas ma faute », Faf se métamorphose en flingue pour mieux expliquer que les objets deviennent ce que les hommes en font ; dans « Qui on est ?!», il prend des allures sataniques, imaginant une motivation de troupes en enfer, pour un titre qui devient une réflexion sur le pouvoir des images et leur manipulation.

    Historien érudit du hip hop, il peut jouer de souvenirs intimes dans « On & On », ou dresser une saga franco-américaine - Rap Story 1 & 2 - digne de deux chapitres de la « French Connection ».

    Cette variété thématique est aussi musicale. Doté d’une oreille de DJ autant que d’une langue de rappeur, Faf Larage n’a cessé d’être à l’affût des nouveaux sons. La légèreté festive de « Millionnaire » se régale d’un sample d’Isaac Hayes pétant le feu comme dans les meilleurs Jay-Z. Le sexisme du personnage du « Brancheur » se nourrit d’un groove torride inspiré du « Dirty South ». Tout aussi logiquement, la nostalgie hip hop de « On & On » reprend la ligne de basse de Chic (« Good Times ») qui avait propulsé le premier tube rap, « Rapper’s Delight ».

    Les couleurs jamaïcaines de « C’est de l’or », chanté avec Taïro, fait remonter les souvenirs de cette musique jusqu’aux souffrances de la misère qu’elle a aidé à endurer. Jamais Raphaël n’a oublié ses origines malgaches et réunionnaises.

    Autre tendance forte du disque, l’envie de remarier, comme à l’époque de Run DMC ou des premiers Beastie Boys, l’énergie des guitares et les beats rap. Dans « Pas le temps », on sentait déjà l’envie de Faf Larage de mêler ses racines : funk et rock dur. Gorgé de riffs métalliques, « C’est pas ma faute » assume jusqu’au bout l’efficacité de cette fusion. On le sent tout au long de l’album, le succès a enfin permis au bonhomme de totalement se lâcher.

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