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El Matador

El Matador

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A propos de El Matador

  • jeudi 30 juillet 2009

    Silence. Le public attend. A la fois curieux et inquiet devant un nouvel affrontement annoncé déséquilibré entre un homme et le beat, entre un jeune homme et une vie brutale. Le passé donne raison à ces spectateurs passifs: combien de jeunes “ novilleros ” prometteurs se sont lancés dans l’arène, parés de leur habit de lumière mais démunis face à la réalité du combat ? Difficile de penser qu’aujourd’hui, l’un de ces pourtant…

    C’est au coeur de Belsunce, quartier populaire et historique de Marseille que commence l’histoire d’El Matador… Pas une légende, non. Car son histoire est bien réelle. De la misère, de la joie. De la gravité et de l’ambition. Au regard des fantasmes de banditisme qui ont cours dans le rap français, ce n’est pas grand chose… Et pour les théoriciens de la rime ou les politiciens utopistes qui aiment prêcher devant une audience déjà convaincue, El Matador n’est pas de leur rang…. On finirait presque par dire qu’il n’est parti de rien… Mais c’est au coeur de Belsunce, quartier populaire et historique de Marseille que commence l’histoire d’El Matador… C'est-à-dire au coeur du rap Marseillais, là où des groupes comme IAM ou Fonky Family sont nés et ont commencé à creuser leur sillon avant de graver des microsillons. Parti de rien ? El Matador a tout de leur héritier aujourd’hui. Son Génération Wesh Wesh, premier titre officiel, au générique du blockbuster Taxi 4, a particulièrement résonné auprès de la jeunesse marseillaise et du reste de la France qui s’est trouvé là un hymne inespéré. Première banderille et premier signe fort du talent et de l’authenticité du rappeur…

    Mais s’il lui revient aujourd’hui, à 24 ans, l’honneur de descendre dans l’arène du rap avec son tout premier album, “ Parti de rien ” c’est que lui l’a espéré. Non… : voulu. Issu d’une famille de sept frères et soeurs dans un milieu que le politiquement correct conviendra de décrire comme “ défavorisé ”, le jeune Mohamed doit composer en plus avec le divorce de ses parents… De quoi nourrir un discours misérabiliste et jouer les victimes mais ce n’est pas le genre d’El Matador, ni ce qui transparaît dans sa musique. Il n’est ni fataliste ni défaitiste, un état d’esprit qui lui vaut de se battre au quotidien pour lui et sa famille et d’enchaîner les petits boulots de manutention malgré un Bac en poche. C’est peut-être aussi la source d’un texte comme La Misère a un sourire (en duo avec Brasco), réaliste et anti-misérabiliste qui définit parfaitement son auteur.

    Contrairement à ce que son métier pourrait laisser supposer, El Matador n’est pas seulement un “ bon ” parleur, il joint les actes aux mots. Il se décrit comme volontaire et le prouve : nourri par les rimes des grands du quartier, il se lance dans le rap à l’âge de 17 ans. Bien vite il rencontre El K.I.D. avec lequel il crée le groupe Processus Verbal. La scène marseillaise est large et certains de ses membres figurent parmi les plus grosses stars du hip hop. Le Rat Luciano, star de la Fonky Family prête main forte à El Matador en lui composant quelques musiques, de son côté Soprano de Psy 4 de la Rime l’encourage mais le jeune rappeur sait que, malgré son énergie et sa volonté, ce ne sera pas suffisant. Devenu figure de l’underground marseillais, il se débrouille pour multiplier les allers-retours à Paris pour faire écouter ses titres, rencontrer les pontes locaux et poser quelques rimes sur des mixtapes et compilations en 2004. Mais c’est finalement lorsqu’un Parisien viendra le trouver à Marseille, que les efforts d’El Matador seront récompensés. Après avoir pris la température de la ville, Mark, ancien directeur des programmes de Générations 88.2 (la radio rap parisienne de référence) et fondateur du label Bombattak Recordz, part à la recherche d’El Matador dans la cité Phocéenne, histoire de gonfler le catalogue prometteur de son label (Brasco, Nubi…) d’une voix du Sud… La sortie du street album, “ Bombattak MC’s ” qui réunit des titres de Brasco et d’El Matador confirme que Mark a ajouté une pièce essentielle à son puzzle. La formation du jeune rappeur Marseillais s’accélère. Il est bon élève. Brillant même. Sans renier ses acquis techniques et son écriture, le MC précise mieux sa pensée sur papier et devient efficace en studio. Il prouve vite que Génération wesh wesh n’est pas un coup de chance. A armes égales (avec Brasco et Alonzo de Psy 4 de La Rime), qui figure au générique de 300 autre énorme succès cinématographique, devient l’un des hits rap du printemps 2007, en rotation lourde sur les réseaux radios et chaînes TV musicales.
    Seul le travail paie… Deuxième banderille…

    Parti de rien, El Matador a sa détermination pour lui. L’âme de ce guerrier est hip hop. Il met en scène son alter ego furieux sur El Matador, titre explosif et symbolique d’un album aux thèmes ouverts et aux ambiances musicales variées. Et si “ Parti de rien ” frappe d’emblée par sa richesse c’est parce qu’il est le reflet de la personnalité de son auteur et de sa vie. Même s’il fait honneur de temps à autre à l’art de l’egotrip, le principal sujet d’El Matador n’est pas son propre nombril. Totalement produit et réalisé par Trak Invaders, et presque totalement composé par cette équipe montante du son français (trois titres - Mets-toi bien, C'est la merde et La Misère a un sourire ont été conçus par le talentueux Skread, entendu notamment sur l’album de Booba, Panthéon), “ Parti de rien ” est un disque riche qui traite aussi bien du mal de vivre quotidien (Tapage Nocturne, Besoin d’être libre avec Soprano ou l’enlevé Evasion) que de relations humaines comme le touchant – parce que sincère - Preuve d’amour (avec le chanteur Jimi), de nostalgie (Epoque révolue) que de sentiments intimes (le poignant Adolescente en mal de vivre avec la voix de LS) ou de morceaux de vie personnels qui touchent l’auditeur au coeur comme l’autobiographique Parti de rien, introduit par Le Rat Luciano, Soprano et Akhenaton. On aura bien compris que ces trois légendes considèrent “Moha” comme l’héritier du hip hop marseillais.

    Après des années passées à écumer le milieu du rap Marseillais, pour finir par en être reconnu comme l’un
    des plus fiers représentants par ses pairs, El Matador n’allait pas oublier de rendre grâce à la technique du hip hop et à sa modernité musicale avec Le rap de rue (avec Nubi) et C’est la Merde qui puise son essence sonore dans le Sud des Etats-Unis. Et puis comme une cerise sur le gâteau, ou un cadeau fait au rap français qui en avait besoin, El Matador valide sa collaboration fructueuse avec Bombattak Recordz en proposant de véritables hits hip hop qui ont toutes les raisons de faire vibrer les coffres et les dancefloors pour les mois à venir : Génération wesh wesh a ouvert le bal, A Armes égales ne compte déjà plus son nombre de victimes, Mets-toi bien ne devrait pas faire de quartier.
    La mise à mort…

    “ Parti de rien ”, El Matador a grandi en affrontant la réalité, refusant de la travestir pour en tirer une quelconque gloire éphémère. Aussi dure soit-elle, il n’a jamais baissé le regard devant elle. Il la prend désormais à son propre jeu, enchaînant les passes adroites et nourrissant désormais son art avec les sales coups qu’elle lui a faits. Là où le torero met la mort en scène, El Matador, lui, choisit de dompter la vie et le sort.
    Et de faire retentir sa musique dans l’arène.

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