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Saïd

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A propos de Saïd

  • jeudi 30 juillet 2009

    Rien ne sert de courir... Et pourtant, ces derniers temps, on ne compte plus les sprinters à bout de souffle, les ambitieux, excités de la réussite qui pleurent d'avoir trop voulu tout obtenir tout de suite. Attendre. Le mot clé. Un mot aujourd'hui obsolète. Plus personne ne veut attendre. On veut tout, sans délai ni galère. Maintenant! C'est regrettable. Parce qu'évidemment, comme le dit la célèbre fable, c'est de partir à point qui compte. Les artistes, surtout les artistes, ne devraient jamais l'oublier. De vouloir griller les étapes est le plus court chemin vers l'oubli. Bien sûr, ça relève de la pure logique! Un artiste qui sait patienter, un artiste qui comprend que c'est la multiplication des expériences qui lui fournira le matériel nécessaire à l'édification de son univers a de fortes chances de s'installer dans la durée.

    À Marseille, Saïd, 33 ans. Né Français. Son cv n'a rien de clinquant. Un cv rédigé à coups de quotidien, loin des projecteurs qui brûlent l'ego. En 1984, Saïd découvre le hip hop. Son truc à lui, c'est la danse. Et sur la planète Mars, les danseurs sont une denrée rare. Saïd travaille dur. Il s'impose. À ses côtés, déjà, un certain Shurik'N. Côté musique, Public Enemy comme premier émoi, et puis 2 Pac, Biggie, Nas, Jay Z. Références qui impressionnent mais surtout qui lui apprennent qu'il est possible de mêler sons qui élèvent et textes qui interpellent.
    1993: Saïd intègre le groupe Prodige Namor. Il y danse, évidemment. Curieux de nature, il s'essaye aussi au micro, travaille son flow mais, très vite, il comprend: rapper, c'est bien mais d'autres s'en sortent beaucoup mieux. Pourquoi pas chanter alors? Parce que Saïd a une voix!
    Une sacrée voix, qui sait croiser la soul, le R&B, celui qui groove plus qu’il ne racole, celui qui a du rythme et du blues, le rap aussi, loin des formes habituelles. En France, les chanteurs manquent de considération. Ils ne sont pas assez hardcore, pas assez rue, pas assez ceci, pas assez cela. Comme s'il suffisait de rapper pour être crédible et de chanter pour être condamné à Pascal Sevran... Pas grave, Saïd est patient. Saïd continue à vivre. Loin des sirènes de la célébrité, il engrange les souvenirs, les fragments de vie. Il progresse.

    En 1998, sort « L’Heure de Vérité », l’album de Prodige Namor. La même année, dans les bacs, le "Où Je Vis" de Shurik'N, "le premier disque de rap français qui m’a marqué" confie Saïd. En 2000, il fait un morceau sur l’album de 3ème Œil, « Avec Le Cœur ». En 2002, il collabore avec L’Skadrille sur la compilation « Don’t Spleep ». Il enchaîne ensuite les apparitions sur plusieurs compilations, dont « OM All Star » et celle de Def Bond. Entre deux sessions studio, Saïd joue aussi les choristes sur scène pour le 3ème Œil.

    Saïd danse. Saïd monte sur scène. Saïd chante. Saïd sait qu'il est prêt. Pour un album. Le sien.
    Première étape: des pré maquettes, enregistrées avec l'aide de Shurik'N. Grand frère protecteur et guide, aussi conseiller artistique. Résultat: signature chez 361 Records. La suite: "De Swing Et De Soul", sortie en avril 2006. Avec, aux manettes, devinez, Shurik'N. Pour Saïd, ce premier album ne pouvait se faire qu'avec Shurik'N. Impossible autrement. On devine le garçon fidèle. Et ce disque, c'est la découverte d'un style jusqu'ici rarement déployé en France. Du swing et de l'âme. Mélange subtil de sensualité, de tendresse, d'ironie et de groove, Saïd chante pour séduire, pour rassurer, pour remercier, pour ouvrir des portes, pour se souvenir. Jamais dans l'agression, jamais dans le cynisme. Mais attention, Saïd ne chante pas non plus le sourire niais accroché à la face. Non. Ici, on sent la force de l'existence, l'exigence, la peur de perdre un être cher, le blues, l'impact des trahisons (comme sur le narquois et impeccable "Merci"), la vie de tous les jours, pas celle lugubre et sans espoir distillée par les médias mais celle qui permet de devenir un fils, un père, un mari, un ami. Celle qui, malgré les galères, pousse à vouloir aller plus loin. Ici, les coups durs ne sont pas glorifiés, jamais éludés (misère sociale, chômage, alcoolisme, problèmes de couple...) mais il y a toujours une suite, une possibilité de rédemption. Un après. Pour Saïd, l’écriture est une vraie thérapie. « Un moyen de se vider sans tomber dans l’excès » dit-il. Il n’aborde que des sujets qui le touchent. Père de famille dévoué, il préfère privilégier un discours optimiste, pour ses deux petits garçons. Son regard lorgne du côté de l’avenir. Avancer, encore et encore. Sur "Quand Je Vous Regarde", il fait à sa descendance une vibrante déclaration d'amour, balade R&B aux pointes jazz. Touchant. Saïd choisit ses sons à l'émotion. "Quand je vibre, je prends. C’est aussi simple que ça. Après, il faut que le son puisse s’adapter à ma voix. Parce qu’un chanteur, quoiqu’on en dise, a une identité vocale. Moi, je suis baryton. »

    Un baryton doué, qui va probablement noircir les pistes de danse. Son disque regorge d'appels au rapprochement des corps, 17 hymnes à la langueur et à la moiteur. Mais, au détour d'un refrain, on peut aussi entendre ce genre de choses: "Je ne suis pas différent des autres. J'ai mon fardeau à traîner. Je ne suis pas différent des autres. J'ai mes cibles à ajuster. A chaque flèche que je décoche, je joue ma destinée » chante t-il sur « J’y Crois", en binôme avec Shurik'N.

    On sent que ce disque vient de loin. Qu'il a été maintes fois pensé. Tout ici a du sens. Du poids. Sans jamais altérer la puissance du groove. Saïd sait où il va. Indéniablement. Et si l'époque est à la confrontation, aux discours qui divisent, Saïd, lui, poursuit sa route, évite les raccourcis dangereux et délivre un disque populaire, unificateur et concerné. Du swing et de l'âme, oui. Sans complexe ni formule. Juste une jolie parcelle d'humanité. Loin des faux-semblants. Partir à point. Saïd l'a toujours su.

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